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  • Photo du rédacteurVincent

Voir les œuvres quand elle ne se voient (quasi) pas...

Dernière mise à jour : 29 déc. 2023


Le Prado fermé, nous en avons rêvé... Avec entêtement, le photographe Fernando Maquieira (1966) a arpenté les salles de plus de cinquante musées, et pas des moindres, dans l'intimité de la nuit. Il en a tiré des clichés monumentaux, installés pour l'été dans l'obscurité des inquiétantes galeries d'une ancienne fabrique de tabac transformée en centre d'art.

C'est une expérience sensorielle; c'est une exposition magnifique, qu'on visite dans le noir et en silence. Courrez-y !

GUIA NOCTURNA DE MUSEOS

La TABACALERA, jusqu'au 3 septembre

"Quand on a la chance de pouvoir contempler les œuvres d'un musée aux heures de fermeture, dans le silence de la nuit, tous les sentiments et émotions qu'elles vous renvoient sont perçus de manière plus évidente, plus directe." Cette intrigante exposition nous montre le résultat des recherches que Fernando Maquieira a menées pendant sept ans, à travers le monde, dans des musées fermés aux visiteureuses, la nuit.

Les Ménines de Goya au Prado, Guernica de Picasso au Reine Sophie, quelques sculptures antiques. Des tableaux photographiés à Boston, à Metz, à Paris... Maquieira nous offre une interprétation nouvelle, du simple fait du manque de lumière, d'œuvres d'art majeures, et nous rapproche d'elles.



Dans la pénombre ou éclairées par les loupiotes de service, ses photographies questionnent le lien qui existe entre l'œuvre et le lieu dans lequel elle est exposée. Et mettent en évidence la force du travail muséographique, qui, loin d'être "neutre", oriente la communication, grâce à un minutieux travail de mise en valeur. L'éclairage fait bien sûr partie de cette médiation. L'artiste, le plus souvent, n'avait rien demandé, ni même envisagé...

Aujourd'hui, nous considérons le musée comme l'habitat naturel des œuvres d'art. Pourtant... Les musées sont nés d'une volonté démocratique de montrer l'art aux classes laborieuses, après la journée de travail. Il a donc fallu les regrouper... et les éclairer. Le British Museum, à Londres, fut le premier à doter ses salles de lampes électriques, en 1890.

À partir d'un point de vue inattendu, et d'un regard non dénué d'ironie, l'artiste interroge le musée moderne. Il propose une réflexion sur des concepts tels que la jouissance esthétique, à travers une contemplation intime, dans l'ombre. Il pose la question des rapports qui s'installent entre les spectateurs et les pièces exposées, qui n'ont pas été créées pour être partagées... Et avec drôlerie, il pointe les dispositifs de sécurité et de surveillance, les soins qu'on apporte aux œuvres, le statut de chef-d'œuvre.



C'est au musée que les œuvres entrent en communion avec les visiteureuses. Ce sont les émotions qu'elles éveillent en nous, l'expérience qu'elles nous proposent qui leur donnent leur sens, leur valeur, leur réalité fondamentale : culturelle, humaine. Mises à nu, démaquillées, exposées sans détour, elles perdent peut-être de leur superbe mais elles gagnent en intensité.

GUIA NOCTURNA DE MUSEOS

TABACALERA calle Embajadores 51, Madrid

dans le cadre de PhotoEspaña 2017, jusqu'au 3 septembre

mar > ven ::: 12:00 > 20:00

sam > dim ::: 11:00 > 20:00

GRATUIT !

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