C'est le plus traditionnel et c'est le plus cosmopolite des barrios de Madrid, labyrinthique, surprenant, accidenté. Jusqu'à il y a peu, les touristes s'y comptaient mais ça commence à changer, le quartier prend de l'allure...
Ce quartier populaire arrivera-t-il à voler la vedette à malasaña. Il y a déjà quelque années que la gentrification a traversé Gran Vía. Et la nuit madrilène n'a rien perdu en mettant le cap au sud...
Lavapiés
L'animation de Lavapiés se concentre autour de la plaza de Lavapiés, où s'installer sur une terrasse et regarder la faune déambuler est déjà un but. L'ambiance est chaleureuse, les cafés et bars sont bon marché. L'endroit est parfait pour une pause entre deux musées (le Reina Sofia est au bout du quartier, le Prado pas très loin).
Lavapiés commence juste au Sud du centro, juste en dessous de la plaza de Santa Ana, juste de l'autre côté de la calle de Atocha, à la plaza de Tirso de Molina, et va jusqu’au métro Embajadores.
C'est une colline, accrochez-vous ! Les pentes sont raides et les rues étroites. Mais les haltes sont fréquentes, sur les placettes, sur les terrasses : il y a toujours un prétexte pour s'asseoir.
Une ancienne fabrique de tabac investie par des artistes, des associations d’aide aux riverains, des collectifs, qui ont su faire de cette immense superficie un lieu vraiment effervescent ! Culturel, citoyen et social. On y entre gratuitement, pour retrouver des amis, rencontrer des artistes en train de peindre, pour un concert, pour l'atelier vélos, le potager, les fanfares en répétition. Un lieu atypique, dans lequel on pourrait presque se perdre. Si vous virez du côté boubour (bourgeois bourrin), passez votre chemin, vous risquez gros !
c/ Embajadores 51, Madrid
Iglesia del Paticano
C'est un clown qui a créé cette Église du Patican qu'on pourrait croire consacré au seul rire. Mais cette secte n'a rien de monothéiste, elle loue aussi l'impertinence, l'insolence, l'extravagance... Leo Bassi a implanté son église "patolique" dans une ruelle du quartier. Le dieu Pato (canard en castillan) y est prié toutes les semaines, par Leo Bassi lui-même. Une messe que les intégristes de mauvais poils n'auront pas !
NB : si vous estimez que cette soupe de canards ne vaut pas une messe, vous pouvez quand même visiter le lieu hors office, c'est un petite moment que vous garderez précieusement dans vos souvenirs...
travesía de la Primavera 3, Lavapiés, Madrid
Ciné Doré
La cinémathèque espagnole est installée dans un édifice splendide construit en 1923. Trois salles, dont la principale est une reconstruction à l'identique du Salon Doré original.
Du chef-d'œuvre taïwanais au dernier primé du festival de Sundance, une programmation de films rares ou anciens, de classiques, de cinéma d'auteur pour un ticket d'entrée modéré.
Les fauteuils ont vécu...
c/ Santa Isabel 3, Madrid
Mercado San Fernando
C'est notre mercado préféré ! Il a vraiment fait peau neuve, après une longue période de fermeture pour travaux, sans se couper de ses racines...
Ici, on trouve un tas de stands qui proposent des aliments de qualité, sains, bios, sans gluten, etc. Et des cosmétiques qui respectent les mêmes chartes.
Quelques bars, des stands de livres au kilo, de l'artisanat... San Fernando suit le modèle d’autres marchés couverts du vieux Madrid : la cohabitation heureuse de commerces traditionnels et d'échoppes avant-gardistes. Si vous avez de la chance, comme nous, vous tomberez peut-être sur une session de danse ! Ce marché s'est bien hypsterisé...
c/ Embajadores 41, Madrid
Collège PIAS de San Fernando
Ou Colegio de San Fernando ou Colegio de Lavapiés. Une université fondée sur les ruines d’un ancien couvent, incendié par les partisans de la CNT (organisation anarchiste et syndicaliste) au tout début de la Guerre civile. Les ruines, comme tout le quartier, ont été laissées à l'abandon pendant la dictature, et seulement restaurées en 2002.
À voir d’abord pour son architecture, qui mélange l’ancien et le moderne avec un certain succès, et pour sa magnifique bibliothèque, sous la coupole de l’église.
c/ Tribulete 14, Madrid
Photo : Javier Sánchez © Madrid Destino
Une corrala
Une corrala, c'est un immeuble typique de l'architecture madrilène traditionnelle, avec de longs balcons communs construits autour d'une cour centrale ; la classe ouvrière était autrefois parquée dans ces bâtiments, qu'on a construits jusqu'au 19° siècle. Aujourd'hui, les corralas font partie du patrimoine, quelques-unes ont été réhabilitées et mises aux normes de confort actuelles. Il en subsiste 500 à Madrid, dont celle-ci ! plaza de Agustín Lara / calle Mesón de Paredes
art urbain
De très belles fresques murales, un peu partout dans le quartier. Des grands formats. À découvrir au hasard de votre promenade.
Teatro Pavón
Un des rares bâtiments de Madrid de style Art Déco, commandé par Francisca Pavón à l'architecte Teodoro Anasagasti. Depuis son inauguration en 1925, c'est un important lieu de création. Après la Guerre Civile, il a vivoté, entre salle de concerts, de théâtre et de cinéma, jusqu'à la fermeture dans les années 90. En 1999, la Compagnie Zampanó l'a rénové à l'identique : la splendide façade a retrouvé ses motifs floraux et géométriques, ses terrasses "catalanes" et sa une tour-horloge qui domine l'édifice. Le bar du théâtre, très beau aussi, attire des Madridènes comme on les aime : un mélange de gens du quartier et de zazous un peu olé olé et très fêtards !
c/ Embajadores 9, Madrid
La Casa Encendida
La "maison allumée" est un des plus vibrants centres culturels de Madrid. On aime pour les expos d'artistes émergents, la boutique de commerce équitable, les concerts, les performances, le théâtre, le cinéma sur le toit.
L'édifice, monumental, est de style néo-mudéjar (1913) : 6000 mètres carrés d'installations et une immense terrasse où prendre un verre.
Ronda de Valencia 2 , Madrid
Église de San Millán y San Cayetano
On aime cette église aux murs extérieurs dévastés. Elle date de 1669 et elle a failli y passer pendant la Guerre Civile.
L'aspect lépreux du mur latéral nous a d'abord fait penser qu'elle était abandonnée... Pas du tout ! (On en remet, la façade est nickel.) Et ce Cayetano, c'est un des chefs des saints de Madrid...
Entrez ! Il y a une magnifique coupole à la croisée. Et les chapelles ont chacune la leur. Les dimensions de l'église sont vraiment impressionnantes et le retable est splendide !
c/ Embajadores 15, Madrid
AVANT...
Lavapiés a longtemps été le quartier des juifs de Madrid, jusqu’à leur expulsion d’Espagne en 1492. Jusqu'à récemment, c’était un quartier très pauvre, presque un bidonville, des façades lépreuses, des maisons délabrées.
Il y a quelques années, y sortir le soir était une aventure : on disait ses venelles biscornues peuplées de mauvais garçons... La jeunesse bohème s’en amusait.
À coups de travaux de réhabilitation, la mairie a réussi à en redorer les pavés : sortir à Lavapiés est devenu branché. C’est aujourd’hui un quartier multiculturel qui concentre l’immigration et les personnes les plus pauvres dans la capitale espagnole. Mais le quartier soufre, bien sûr de gentryfication et ces dernières de plus en plus sont forcées de s'éloigner dans les banlieues.