Paseo del Arte
Le Paseo del arte, avant le règne de la voiture, c'était les Champs-Élysées de Madrid. Aujourd'hui, les promenades de Recoletos et du Prado concentrent plusieurs grands musées, des édifices somptueux, le splendide Jardin Botanique et quelques lieux de légende...
Plaza de Colón
Cette place n'a rien pour elle... Mais elle constitue le point de départ idéal de la promenade des arts si vous ne voulez rien rater. Notez qu'il y a peu de chance que vous visitiez tous les musées d'une traite ! Mais il fallait un sens à notre parcours, et commencer par une des extrémistés nous a semblé assez pratique. Si vous préférez commencer par la fin (qui sera donc votre début), rendez-vous en bas de page !
Et ne ratez quand même pas la colonne de Colón (comme Colomb, Christophe). Il fallait bien un monument au découvreur de l'Amérique, le voici, fièrement posé sur une colonne qui le fait culminer à 17 mètres.
La statue fait trois mètres de haut, on la doit à l'artiste catalan Jerónimo Suñol, qui l'a sculptée en 1885 dans un beau marbre de Carrare. L'amiral y est vêtu d’une casaque et d’un manteau, il tient dans l'une de ses mains un drapeau de Castille posé sur un globe terrestre.
Torres de Colón
L'architecte Antonio Lamela a construit en 1976 ces tours jumelles, en commençant par les étages supérieurs. Autour d'un squelette central de béton ancré au sol, il a fait décoller l'un après l'autre chacun de ses 23 étages. Avec ses 116 mètres, le gratte-ciel arrive à la 11e place sur le podium de l'altitude.
En 1990, on les coiffe d'un toit vert qui soutient un escalier de secours, emboité entre les deux tours. De loin, la structure faîtière peut faire penser à une prise de courant; les Madrilènes ont d'ailleurs surnommé le bâtiment "el enchufe".
Une profonde campagne de restauration entamée en 2020 par Luis Vidal fera disparaitre cette "prise" au profit de quatre étages supplémentaires.
Bibliothèque Nationale
C'est Philippe V qui fonde la Bibliothèque (Royale à l'époque), en 1711. Son siège actuel conserve un exemplaire de tous les ouvrages publiés en Espagne et une très belle collection d'incunables, estampes, manuscrits, photos, cartes géographiques... Elle a un autre siège à Alcalá de Henarés.
Le Musée de la Bibliothèque est accessible gratuitement.
Paseo de Recoletos 20, Madrid
Paseo de Recoletos
Le Paseo del Arte commence par Recoletos, dont le tracé original date de 1840, entre les places de Colón et de Cibeles. C'est l'une des plus belles promenades de Madrid. Si on arrive à oublier la circulation, c'est presque bucolique ! Et plein de sculptures.
C'est l'Espagne impériale triomphante et le règne de la bourgeoisie du 19°, d'où les très beaux édifices, comme la Bibliothèque Nationale, la Casa de América ou le palais du marquis de Salamanca.
Monument à Juan Valera
Un bel ensemble sculptural de pierre et de marbre signé en 1928 par Lorenzo Coullaut-Valera. Il est dédié a l'écrivain, diplomate et homme politique Juan Valera, l'oncle du sculpteur. On ne sait pas grand chose de lui, sauf que la dame assise, c'est Pepita Gimenez, l'héroïne de son roman le plus connu. Lui, il est au sommet de la sculpture, et on n'a pas pensé à le photographier...
Comme ça en passant.
Gran Café El Espejo
Le Paseo del Arte offre quelques pauses... Dont celle de l'Espejo. Du faux vieux, ouvert en 1978 dans une déco qui fait Art Nouveau. Le resto sert une cuisine de saison et de tradition, et ça ne nous intéresse pas, on n'a même pas essayé (l y a la fameuse queue de taureau...). Ce qui nous plait, c'est le pavillon, en hiver, et la terrasse, en été. Pour un café ou un verre de vin dans une ambiance qui laisse régner le calme, le luxe et la volupté.
paseo de Recoletos 31, Madrid
Gran Café de Gijón
Un peu passé de mode aujourd'hui, célèbre pour ses tertulias tout au long du siècle passé, le Café Gijón, fondé en 1888 par un Asturien qui avait fait fortune à Cuba, est une icône du vieux Madrid littéraire et intellectuel. Parmi ses clients réguliers, il y eut le premier ministre José Canalejas, les écrivains Pérez Galdós, Valle-Inclán, Francisco Umbral. Ce dernier lui a même consacré un roman, La noche que llegué al Café Gijón.
Aujourd'hui, pour un repas ou un verre, le Gijón demeure une maison de référence, qui fait partie de notre top 10.
Paseo de Recoletos 21, Madrid
Casa de América
Ses façades donnent sur Cibeles, Recoletos, Alcalá : la place-to-be d'il y a un siècle !
Un palais romantique construit pour le marquis de Linares en 1873 par Carlos Colubí, Adolf Ombrecht et Manuel Aníbal Álvarez. On n'adore pas l'extérieur, très exubérant. Mais il faut visiter ce bijou devenu un centre culturel dédié à l'Amérique latine ! La richesse décorative est surprenante : impressionnant escalier dans le hall, salles de bal, chapelle, jardin... Et une programmation culturelle au top ! Expos, conférences, cycles cinématographiques et littéraires, etc.
plaza de Cibeles 2, Madrid
CentroCentro Cibeles
Au milieu du Paseo del Arte, l'ancienne poste ! On considère que c'est le troisième centre culturel et muséal madrilène. Un espace immense ouvert à tou·te·s.
CentroCentro, c'est aussi un café-restaurant, un lieu de détente, un très beau salon tout coloré.. Et une terrasse panoramique !
Un lieu emblématique de Madrid, qu'on doit aux architectes Antonio Palacios et Joaquín Otamendi : touches néo-plateresques, influences de la Sécession viennoise : 12.207 mètres carrés de marbre inaugurés en grande pompe par le roi Alfonso XIII en 1919.
La mairie s'y est installée en 2011.
plaza de Cibeles 1, paseo de los Artes, Madrid
Fontaine de Cibeles
Le Paseo del Arte est ponctué par quelques monuments et fontaines. On aime bien celle de Cibeles.
La statue principale (la déesse romaine de la terre et de la fécondité Cybèle) est l’œuvre de Francisco Gutiérrez. Les lions sont du Français Robert Michel. La fontaine de Cibeles a été édifiée en 1782, elle a fini par donner son nom à une des places les plus emblématiques de Madrid.
Le marbre violacé vient du village de Montesclaros (Tolède), le reste est en pierre de Redueña.
La fontaine possédait deux jets d’eau qui sont restés opérationnels jusqu’en 1862. Les Madrilènes venaient s'y approvisionner. Les chevaux buvaient directement dans le bassin.
Aujourd'hui, c'est un grand rond-point et c'est ici que sont fêtés les succès du Real Madrid et de l'Équipe nationale de football.
Bourse de Madrid
Le Palais de la Bourse, inauguré en 1893, a conservé l'aspect que lui avait donné son architecte Enrique Repullés. La structure du bâtiment et son ornementation constituent un symbole de l'esprit commercial et financier et sa visite est réellement très intéressante. L'intérieur abrite des fresques de Luis Taverner et de très belles sculptures de Francisco Moinelli, ainsi que tout le mobilier d'origine.
Plaza de la Lealtad
Deux petits jardins qu'on oublie le plus souvent de remarquer. Pourtant, ce sont des joyaux végétaux qui abritent une multitude d'essences.
Côté Ritz, le monumento a los Caídos, monument à ceux qui sont tombés pour l'Espagne le 2 mai 1808, et sa flamme éternelle, sur la plaza de la Lealtad. Regardez bien le grand érable argenté, le remarquable arbousier - le plus vieux de Madrid - et le cornouiller de neuf mètres de haut.
Côté Thyssen, la fontaine d'Apollon, dont la sculpture est considérée comme une des plus belles œuvres classiques érigées en Espagne.
Hôtel Ritz
C'est juste un hôtel, mais à minimum 500 euros la nuit ! Autant dire quil y a plus de gens qui dorment dehors que dedans... Il a la réputation d'être le préféré des monarchies européennes. Les Monaco, le Prince de Galles et Lady Diana, le Duc de Windsor. Et Henry Fonda, Frank Sinatra, Ava Gardner (pendant 20 ans), Cary Grant, Orson Welles, Rita Hayworth, Sofia Loren, Elisabeth Taylor, Richard Gere, Julia Roberts.
L'Hôtel Ritz a été inauguré par Alfonso XIII en 1910. Madrid avait besoin d'un lieu pour loger la noblesse et les célébrités de l’époque. Check.
plaza de la Lealtad 5, Madrid
Musée
Thyssen-Bornemisza
Accessible, dynamique, pionnier et rigoureux dans son exigence de qualité, le Musée Thyssen-Bornemisza est un beau musée ! Un raccourci de l'histoire de l'art, une des plus belles collections privées de peinture au monde.
Au fil des générations, la famille Thyssen-Bornemisza a réuni ce millier d'œuvres. (Pour enrichir la collection, elle a profité de la crise de 1929 - qui a frappé aussi les riches - pour acquérir des œuvres à très bas prix. Et le père, Heinrich, a financé le III° Reich... )
En 1993, l'État espagnol a acheté l'ensemble des œuvres pour 400 millions d'euros. Une bonne idée.
C'est une promenade dans l'histoire de l'Art du 13° au 20° siècles. Les principales périodes et écoles de l'art occidental. Des chefs-d'œuvre : Dürer, Raphaël, Titien, Rubens, Rembrandt, Caravage, Manet, Renoir, Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Kandinsky, Picasso, Hopper, Rothko...
Pour ranger tout ça, l'architecte Rafael Moneo a rénové le palais de Villahermosa, une construction du début du 19° siècle.
paseo del Prado 8, Madrid
Musée du Prado
Dans cette catégorie-là, en Europe, on a Le Louvre, et c'est tout... Le Prado est considéré comme une des plus importantes pinacothèques du monde.
En gros, les collections privées des Habsbourg et des Bourbons. Des peintures flamandes, espagnoles, françaises, italiennes et allemandes du 14° au 19° : Velázquez, Goya, Bosch, Le Greco, Rubens, van Dyck, Raphaël, Titien, Tintoretto, Botticelli, Caravage, Dürer, Rembrandt, Poussin, Véronèse, etc. : 8000 tableaux, 1000 sculptures, 5000 estampes, 8000 dessins. Que du vieux mais TOUT !
Il a ouvert en 1819, grâce à María Isabel de Braganza, la reine consorte (deuxième épouse et nièce de Fernand VII) qui voulait se débarrasser de ses bibelots.
Deux conseils : n'y allez pas quand c'est gratuit (impression : métro aux heures de pointe) et préparez bien votre visite (mieux : VOS visites). Sinon, ça ne vaut pas la peine !
San Jerónimo el Real
Le plus ancien édifice religieux de la ville, commande des rois catholiques, en 1501, alors hors-les-murs. Du couvent de San Jerónimo el Real, plus connu sous le nom de "Los Jerónimos", il reste cette église romane dont les nombreuses rénovations ont marié toutes sortes de styles. Le cloître a été récupéré et ajouté au Musée du Prado dans le cadre de son extension en 2002, par l'architecte Rafael Moneo.
Comme Madrid n'avait pas de cathédrale "digne de la monarchie" avant la construction de la Almudena, cette église a longtemps fait office de chapelle royale : c'est ici qu'on a dit la messe d'intronisation de Juan Carlos.
c/ Moreto 4, Madrid
Caixa Forum
Un centre socioculturel du 21° siècle, ouvert sur l’art ancien, moderne et contemporain, la musique, le multimédia, les débats d’actualité... Comme MAPFRE, il s'agit d'une fondation privée.
Le bâtiment spectaculaire, une des icônes de la ville, abritait la centrale électrique du Midi. Les architectes Herzog & De Meuron l'ont bardé d'un jardin vertical (2000 m2 pour 15.000 plantes) et lui ont donné une apparente impression de "lévitation".
Caixa Forum abrite notamment un intéressant fonds d’œuvres d’art.
paseo del Prado 36
Real Jardín Botánico
Peu de touristes, calme, fraicheur... Six mille plantes venues pour la plupart de la région méditerranéenne (question de climat...) sur quatre terrasses. Deux serres : la serre d'exposition, répartie en trois ambiances (tropicale, humide et désertique) et la serre des Palmiers, construite au XIXe. Une importante collection de bonsaïs (dont une centaine offerts par l'ancien premier ministre Felipe Gonzales).
Un premier jardin a été créé en 1755 pour Ferdinand VI, à Migas Calientes, près de la rivière Manzanares. Son successeur fait déménager la collection, en 1781. L’emplacement du jardin n’est pas un hasard. Charles III voulait un grand complexe consacré aux sciences naturelles, le jardin fut donc transféré à côté du Prado qui, alors, abritait le Musée des sciences naturelles. Il confiera le chantier aux architectes Francisco Sabatini et Juan de Villanueva.
Institut scientifique avant tout, le jardin botanique de Madrid possède aussi un herbier fantastique, plus d'un million d'entrées.
plaza Murillo 2, Madrid
Musée Reina Sofía
Un parcours passionnant à travers l'histoire de l'art du 20° siècle espagnol, qui va au-delà de la narration linéaire habituelle. Les 21.000 œuvres sont divisées en trois itinéraires : "L'irruption du 20° siècle : utopies et conflits (1900-1945)", "La guerre est finie ? Art pour un monde divisé (1945-1968)" et "De la révolte à la postmodernité (1962-1982)". Chaque itinéraire est approché via des micro-thématiques, qui permettent au visiteur de dessiner son propre parcours, et de comprendre les mouvements à travers sa subjectivité, et éventuellement de poser un regard renouvelé à chaque visite....
La vedette du musée, c'est Guernica, l’une des œuvres phare de Picasso. Sinon, il y a Gris, Miró, Dalí, Sonia Delaunay, Picabia, Antoni Tàpies, Jorge Oteiza, Esteban Vicente. Et quelques européens, qui permettent de mieux comprendre le contexte espagnol : Bacon, Dubuffet, Moore, Klein, Broodthaers...
Le musée occupe la place de l'ancien hôpital général de Madrid, de l'architecte Francisco Sabatini, agrandi en 2005 par une grande marquise rouge signée Jean Nouvel.
c/ Santa Isabel, 52, Madrid
Cuesta de Moyano
Une trentaine d'échoppes en bois consacrées à l'achat et la vente de livres d'occasion, des dernières nouveautés aux incunables de grande valeur, rares, ou des œuvres classiques à des prix très abordables.
Ce chemin piéton très pentu, qui fait partie de la ceinture du parc du Retiro, est aussi une très agréable promenade ombragée.
La foire aux livres permanente de Madrid, depuis 1925 !
On y va aussi pour les monuments qui président aux extrémités de la côte.
Gare d'Atocha
La gare principale de Madrid, en activité depuis 1851 (ce n’était à l’époque qu’un quai en bois). Agrandie à deux reprises, dotée en 1892 de sa nef principale (une verrière de 152 mètres de longueur, 48 de portée et 27 de hauteur) qui en fait une des images les plus caractéristiques de la ville.Aujourd'hui, il y a deux gares : la nouvelle est destinée aux grandes lignes, l’ancienne abrite les guichets et un jardin tropical de 7000 plantes de 400 espèces et une colonie de tortues.On se souvient d'Atocha pour les attentats islamistes du 11 mars 2004, qui ont fait 191 morts. Un monument leur est consacré dans la gare.