Francisco de Zurbarán ::: Agnus Dei ::: 1639 ::: huile sur toile, 47x55cm ::: Real Academia de Bellas Artes de San Fernando, Madrid
Le Prado en a un. Zurbarán en a fait six versions, qui diffèrent peu. Les commandes pleuvaient... Le Gouvernement de Catalogne a déclaré la sienne "bien d'intérêt national". Celui-ci, c'est celui de l'Académie des Beaux-Arts de Madrid, un "petit" musée qui possède une collection qui dans une autre ville attirerait des millions de visiteurs, mais ici, c'est Madrid et à Madrid, il y a le Prado.
L'Agneau de Dieu, qui fait allusion au sacrifice du Christ pour sauver l'humanité, est une image de dévotion très courante dans l’Espagne du 17° siècle. Les prophètes Isaïe et Jérémie nous ont dit que le serviteur de Dieu, muet et sans défense, était mené à ses bourreaux "comme un agneau à la boucherie". L'agneau peint par Zurbarán accepte son destin sans crispation, dans le calme. Le contraste entre les pattes attachées, qui ne laissent aucun doute sur l'issue, et la douceur du visage qui consent, en est d'autant plus bouleversant.
C'est une représentation très naturaliste de la part d'un artiste baroque. Attaché par les pattes, il repose sur une table. Rien d'autre. Pas le moindre élément anecdotique. Aucune indication qui nous permettrait de situer la scène. Zurbarán est en pleine possession de sa technique, il a atteint la maturité esthétique. La simplicité de la composition, l'économie de moyens, le parfait équilibre du noir et des gris, la sensation de quiétude transmise sont remarquables.
Peintre du siècle d'or, Zurbarán est le maître du baroque sévillan. Il s’illustre dans la peinture religieuse. Son art se révèle d’une grande puissance visuelle et d’un mysticisme profond. Picasso disait de lui : "El Greco excepté, et peut-être Velázquez, dont il est l'égal, sinon supérieur, Zurbarán dépasse tous les autres peintres espagnols."