En plus de les divertir, leurs difformités rehaussaient la splendeur des belles personnes de la cour. Plus que toute autre, celle des rois d'Espagne s'entoure de phénomènes... Des nains, des hydrocéphales, des "fous", des simples d'esprit.
Assis par terre, ses courtes jambes tendues, les poings serrés appuyés sur ses cuisses, le nain nous fixe d'un regard triste et sérieux, qui en dit long sur son humiliation.
Un ensemble coloré d'un équilibre parfait. Ce superbe portrait est l'un des chefs-d'œuvre de Velázquez. Un portrait digne et humain. Barbu, vêtu d’un costume aux teintes vives de vert, de rouge et d'or, les atours d'un roi, il offre un contraste frappant avec l'arrière-plan. Une grande sensualité s’exprime dans les traits de son visage, très "masculin".
L’impression de petitesse est renforcée par la perspective, qui ne présente qu’une vue raccourcie des jambes, sans compter l’aspect singulier des pieds dressés vers le haut.
Ce portrait irradie une grande force de caractère. Don Sebastian de Morra était au service du prince Baltasar Carlos, le fils de Philippe IV. On le disait lunatique... Ce bouffon était une figure très connue de la cour. Le prince l'apprécia tant qu'il en fit l'un de ses héritiers.
On a récemment remis en question l'identité du sujet de ce tableau, au profit d'un autre bouffon qu'on appelait "le Cousin" (el Primo). Si vous êtes d'accord, on fera comme si on ne nous avait rien dit !
Diego Velázquez ::: Don Sebastián de Morra ::: 1645 ::: huile sur toile, 106x81cm ::: Museo Nacional del Prado, Madrid