C'est une des œuvres les plus connues du Greco et c'est aussi un des tops de la Renaissance.
Le monsieur est vêtu à la mode des seventies du 16° siècle espagnol : collerette blanche bien serrée et pourpoint moulant. Ça situe. Pourtant, on a longtemps ignoré l’identité du modèle, avant de s'accorder sur le marquis de Montemayor (chef militaire de l’Alcazar de Tolède) et puis sur Miguel de Cervantes. On a aussi pensé à un autoportrait et à Antonio Pérez, secrétaire de FelipeII. Allez savoir...
En tout cas, l'épée au pommeau d'or et la médaille (à moitié dissimulée par le corsage) sont des codes dans la représentation des nobles au siècle d'or. Ajoutez à cela le geste solennel de la main et le regard dirigé vers le spectateur et vous avez toute la littérature pour faire de cette brillante effigie l'archétype du noble castillan et aussi du "caractère espagnol" : homme d'honneur, chrétien, mélancolique et sobre...
Le tableau du Greco, outre qu'il est un exemple virtuose de l'art du portrait de l'époque, excelle dans la mise en scène de la tension entre ce que montre et ce que cache le personnage. Et le doute plane sur l'artiste lui-même, entouré de mystère et de légende. Il n’existerait aucun document certain concernant sa naissance, en dehors des actes et documents de Tolède, qui le donnent comme né en Crète en 1541.
El Greco, d’abord peintre d’icônes, est devenu le premier grand peintre espagnol. Ses influences byzantines, arabes et vénitiennes (la Crête, donc), sa liberté d’expression, une spiritualité élevée et sa technique picturale en font un des représentants les plus brillants et les plus originaux du courant maniériste.
Le Gentilhomme à la main sur la poitrine ::: El Greco ::: vers 1580, huile sur toile, 81x66cm, Museo Nacional del Prado, Madrid