Aujourd’hui, Cais do Sodré est le nouveau repaire alternatif et aussi, la nuit, celui de la night cokée. Pus grouillant et plus concentré que le Bairro Alto, plus jeune, plus chic, un peu plus cher, plus trash. Moins habité, donc plus libre, plus transgressif. On y trouve aussi bien une bière à 2 euros qu'un cocktail à base de champagne. Pour danser, c'est mieux que les boîtes ultrachiques des entrepôts, situées à deux pas compensés. Pour boutiquer, le quartier offre quelques belles surprises. Pour la tournée des bars, les rencontres dans la rue, on préfère le haut de la ville...
Des établissements insolites, des niches : spectacles burlesques, musique alternative, soupe reggae, bars élégants, restaurants contemporains, etc. Même si on sent que tout cela est un peu fabriqué, sorti d'une boite cranienne rompue à l'événementiel, on aime le grand mélange des genres, un brassage sympathique, et on passe des fins de nuit amusantes, au croisement d'une jeunesse plaqué or et d'une bohème en recherche de nouveauté et de rencontres tardives.
Lisbonne hipster, Lisbonne trendy, Lisbonne pas cher... C'est à Cais do Sodre, ancien quartier de la prostitution et quai d'embarquement des marins, que la ville fait ses nouvelles niches !
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Les marins sans grade élevés au couteau y débarquaient au début du siècle passé. Les bagarres avec les maquereaux, c'était là. Une zone infame, au pied d'une ville de bigoterie. Et face aux quais où, vers la fin de la dictature, ce fut au tour des jeunes militaires d'embarquer, vers les colonies en révolution.
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En 2011, les bordels s'éteignent, laissent champ libre aux précurseurs. On commence par asphalter en rose la rue Nova da Carvalho, renommée Pink Street, symbole de la renaissance du quartier. Exit les marins ivres, restent quelques vieilles prostituées, reléguées aux extrémités de cette rue bonbon.
Le quartier est aussi intéressant de jour que de nuit. À l’heure de l’apéritif, on sirote un moscatel chez Sol e Pesca, où bien sûr on refuse la conserve de sardines proposée en accompagnement. On escalade l'escalier de la spectaculaire Pensão Amor, une ancienne maison close, immense, construite sur quatre étages où se cachent une galerie d’art, un bar façon bordel 1900, une enfilade de salons à bobonnes, une librairie érotique et une boutique cul-bite.
On passe sa curiosité chez Giv Lowe, un très beau bar-boutique-galerie, ouvert sur la rue, où l'on s'installe pour un jus de fruits frais. On prend le temps au marché de la Ribeira, pour manger sur le pouce, bon et pas cher, dans le brouhaha familial. On emprunte la nouvelle promenade de front de Tage, pour se vautrer dans les rares et très prisés (par de jolis jeunes gens) transats avant de reprendre la route vers la Praça do Comércio. Là, ceux qui nous suivent prendront le tram.
presque la plage
Face au Tage, avec le Cristo Rei (Christ Roi) en ligne de mire, profiter du soleil doux de la fin d'après-midi dans un transat... La rive a été réhabilitée, des terrasses et des kiosques en ont profité pour s'y installer et ça fait du bien à tout le monde !
Praça de São Paulo
La belle Praça de São Paulo, superbe exemple d'architecture Pombaline*, a des airs de village. Le kiosque de fer date du début du 20° siècle. En été, il y a une très agréable terrasse.
La place est dominée par l'église de São Paulo (entrer pour voir les plafonds peints).
*Le Marquis de Pombal a aidé à la reconstruction de Lisbonne après le tremblement de terre de 1755.
O Salão
L'atelier de Claudia Gama ! Cette virtuose de la récup transforme des objets hideux en merveilles de dentelle. Son lustre en plaques de circuits intégrés et perles de plastique, réinterprétation d'une suspension Empire, nous a fait beaucoup de peine quand il a fallu se rendre à l'évidence : ça ne rentre pas dans la valise. On a acheté des bagues...
Plein de luminaires, d'accessoires, de bijoux uniques réalisés à partir de ferrailles et de déchets de construction.
rua de São Paulo 85-87, Lisbonne
sol e
pesca
Ancien magasin d'articles de pêche mué en bar-restaurant de conserves de poisson. Le concept et les tables aux tons vifs sur fond de chaussée magenta nous plaisent beaucoup, on y a passé des heures, dehors, dedans, mais on s'arrête après l'apéritif... Même en boîte, les animaux morts...
rua Nova do Carvalho 44, Lisbonne
B. Leza
Ce club mythique a occupé un palais à l'abandon de 1995 à 2007. En 2012 le B. Leza a rouvert dans un ancien entrepôt près du Tage. L’espace est plus contemporain mais l’esprit est resté intact : on y va pour découvrir la musique du Cap Vert. Parfois, du latino et du fado.
Cais da Ribeira, Armazém B, Lisbonne
Pensão Amor
C'est un endroit fantastique ! Dans cet ancien hôtel de passes 1900 reconverti en spot de nuit, on se perd dans les vastes salles qui abritent : une librairie érotique, un magasin de lingerie sexy, un salon de coiffure, un bar de bordel chic, une piste de pole dance, un boudoir surchargé.
Les superbes cabrioles murales qui couvrent les murs de l'escalier annoncent le genre de la maison... avant. Les putes ont été délogées - on les retrouve un peu plus loin -, la Pensão Amor est aujourd'hui un espace artistique, où ont lieu concerts, sessions de DJ's et récitals de poésie, où des comédiens habillés en truands à borsalino jouent au poker, où une cartomancienne lit les tarots... La nuit... On boit, on danse, on flirte et on rit. En priant saint Bobo qu'une bande de pré-adultes en rut ne vienne pas bousiller cette belle ambiance !
rua do Alecrim 19, Lisbonne
Club Europa
ip-hop et pop des années 80. On aime ! C'est le Club Europa qui a amorcé la cure de jouvence de Cais do Sodré, en 2006. Dans une ancienne maison de passes (c'était la spécialité du quartier, on vous le dit depuis le début).
rua Nova do Carvalho 16-20, Lisbonne
Tokyo
Le Tokyo fut l’une des discothèques les plus courues de Lisbonne dans les années 80. Comme les DJ's du lieu continuent de passer de la musique des années 70 à 90, le lieu est fréquenté par les générations qui ont grandi sur ces musiques. Une aubaine pour nous ! (Même si nous n'avons pas d'âge.)
rua Nova do Carvalho 12, Lisbonne